Un participant à un atelier déguste une bière

Craft, artisanale, locale, de terroir… Clairement, la bière d’aujourd’hui veut se démarquer de celle d’avant. Mais qu’est-ce qui a changé, en fait ? Ça veut dire quoi, quand on dit qu’une bière est artisanale ?

Traduction du terme craft cher aux brasseries américaines, elle est arrivée chez nous en même temps qu’un état d’esprit radicalement opposé aux grandes brasseries industrielles qui inondaient le monde de leur blonde aussi légère en goût qu’en alcool.

Il faut savoir que la notion de “bière artisanale” n’existe pas dans la loi française ! La seule classification légale se trouve dans le Code général des impôts (CGI), qui distingue les petites brasseries indépendantes, dont la production annuelle ne dépasse pas les… 200 000 hL. C’est beaucoup.

Tellement beaucoup qu’en France, premier pays européen en nombre de brasseries (soit 2500), seulement 10 produisent plus que ces 200 000 hL.

Enfin, selon la loi française, on ne peut se revendiquer artisan que si l’on dispose du diplôme ad hoc, ou si l’on peut justifier de 3 ans d’expérience dans le métier. Compliqué pour se lancer, dans un pays qui compte très peu de formations de brasseur. Tu ne trouveras donc pas souvent la mention « bière artisanale » sur tes canettes d’IPA préférées. C’est interdit !

Mais à part ça, quid des ingrédients (locaux, bio, naturels…) ? Des méthodes de fabrication ? Des politiques RSE ? De la qualité du produit final ? La définition d’une brasserie artisanale aujourd’hui, c’est encore, surtout, une question de subjectivité, d’appréciation personnelle.

Chez les brasseurs-euses que j’ai rencontrés, des notions reviennent souvent : indépendance, amour des produits bien faits, aux ingrédients de qualité, souvent locaux (de plus en plus), créativité et innovation. Des valeurs opposées à celles des industriels, qui ne rechercheraient que rentabilité et profit.

Sauf qu’aujourd’hui, certaines de ces petites brasseries indépendantes ont grossi, pris des parts de marché, jusqu’à susciter l’intérêt desdits grands groupes, qui ont d’ailleurs commencé à racheter certaines d’entre elles. Tout en gardant un discours marketing axé sur l’artisanat et l’indépendance. Faute de législation adaptée, la frontière commence doucement à se brouiller.